dimanche 24 février 2019, 22:58

Le rêve et le combat de Banini

  • La capitaine de l’Argentine se confie à FIFA.com

  • Lors de France 2019, l’Argentine entamera sa campagne contre le Japon le 10 juin

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Elle est la cadette de la famille, celle qui partage avec son père cette passion pour le ballon rond. Elle est le boute-en-train du vestiaire, celle qui joue les DJ et enchaîne les blagues. Elle est aussi la capitaine, celle qui porte le numéro 10.

L’Argentine Estefanía Banini s’apprête à réaliser son plus grand rêve : participer à une Coupe du Monde. L’Albiceleste a décroché son billet pour France 2019, en remportant le barrage intercontinental contre le Panama, après une brillante troisième place à l’occasion de la Copa América Féminine de la CONMEBOL 2018.

Une performance remarquable pour une sélection qui a passé plus de deux ans sans disputer le moindre match, ni même se réunir depuis la dernière épreuve mondiale. "Le projet argentin manque d’investissement et de régularité. Il faut miser sur ce sport de façon continue. Après Chine 2007 , la dernière participation mondiale de l’Argentine, nous n’avons pas réussi à poursuivre notre évolution. Autrement, nous ne serions pas dans cette phase de reconstruction aujourd’hui", regrette-t-elle.

Les obstacles rencontrés ont cependant renforcé le groupe de Carlos Borrello. "La discrimination, l’inégalité et le manque de moyens font partie de notre quotidien. Faire face à ces difficultés nous a rendues plus fortes. Notre unité et notre grande combativité seront des atouts essentiels face aux meilleures équipes mondiales", annonce Banini.

Préparation

L’Argentine participera au tournoi des Quatre Nations, qui réunira aussi l’Australie, pays hôte, la République de Corée et la Nouvelle-Zélande. Toutes ces équipes seront également présentes au grand rendez-vous en France.

"Ce sera l’occasion d’engranger de l’expérience, de se mesurer à des sélections bien préparées et de jauger le rythme qu’elles imposent sur le terrain", juge la meneuse de jeu. "Nous pourrons également évaluer notre propre niveau. Il faudra ensuite faire le point, identifier les aspects à travailler, analyser comment neutraliser l’adversaire et apprendre à jouer le plus intelligemment possible, tout cela dans un laps de temps très court", explique la milieu de terrain créative et redoutable devant le but.

Le Groupe D selon Banini

  • Angleterre: "Les Anglaises sont rapides et puissantes. Elles exploitent pleinement leurs qualités physiques. Cette équipe propose un football très direct et aérien".

  • Japon : "C’est une équipe plus technique, avec un jeu plutôt au sol. Les Japonaises sont très efficaces et rapides".

  • Écosse : "Elle disputera sa première Coupe du Monde. C’est peut-être l’équipe dont le niveau se rapproche le plus du nôtre. L'Écosse dispose toutefois d’une plus grande expérience puisqu’elle dispute une phase préliminaire plus relevée en Europe et affronte des adversaires de qualité".

"Nous nous battrons avec nos armes et tenterons de livrer de bonnes prestations. Il faudra revoir beaucoup de choses d’un match à l’autre", précise Banini. "Au-delà de notre mentalité et de notre motivation à chaque rencontre, nous sommes des joueuses polyvalentes, avec un jeu offensif intéressant et des individualités décisives dans les duels."

Dans cet effectif argentin, Banini relève deux joueuses à surveiller de près :

  • Aldana Cometti : "C’est une défenseuse centrale pétrie de talent. À 25 ans, elle maîtrise un poste difficile et très exigeant, auquel peu de joueuses excellent".

  • Vanina Correa : "Elle connaît les compétitions mondiales et olympiques. Son rôle dans le vestiaire est prépondérant et son expérience constitue une force en tant que gardienne. J’espère qu’on ne lui donnera pas trop de travail !"

Un miroir de la société

Grande admiratrice de la Brésilienne Formiga et de l’incontournable Lionel Messi, Banini ne jure que par le football. Sur le point d’obtenir son diplôme d’entraîneur, l’Argentine a déjà occupé cette fonction à plusieurs occasions, dans son pays mais aussi aux États-Unis, en dehors de ses propres entraînements.

Son parcours est quelque peu atypique. Banini s’est illustrée à plusieurs reprises en sélection, attirant ainsi les clubs étrangers. Tout d’abord recrutée par Colo-Colo, avec qui elle a notamment remporté la Copa Libertadores, l’Argentine est ensuite passée par Washington Spirit et Valence avant de rejoindre Levante, où elle évolue actuellement.

Cette expérience internationale lui a permis d’ouvrir encore plus les yeux sur le travail qui reste à accomplir dans son pays au niveau du football féminin. "Le football est un miroir de la société et de son évolution. Malheureusement, nous avons du retard en Argentine. Il faut éradiquer la mentalité sexiste, aussi bien chez les hommes que chez les femmes", affirme l'enfant de Mendoza. "Le football féminin a également besoin d’une exposition plus large. C’est comme si le public ignorait tout de nous."

La milieu de 28 ans reste toutefois optimiste et croit que le peuple argentin peut encore se prendre d'affection pour ses joueuses d’ici le coup d’envoi de France 2019. "Beaucoup de nos supporters feront le déplacement comme ils le pourront. Nous rêvons toutes d'enfiler le maillot albiceleste et de défendre notre pays à travers notre passion."