mardi 23 octobre 2018, 06:53

Les rêves de Jane, les objectifs des Banyana

  • Refiloe Jane veut qualifier l'Afrique du Sud pour la Coupe du Monde Féminine

  • La milieu de terrain souhaite réaliser deux "vieux rêves"

  • L’Afrique désignera le mois prochain ses trois représentants pour France 2019

Aussi loin qu’elle se souvienne, Refiloe Jane a toujours rêvé de devenir footballeuse. Née au sein d’une grande famille, Jane a fait ses premiers pas balle au pied dans les rues de Soweto et n’a jamais été de celles qui font le choix de la facilité. Deux décennies après avoir contracté le virus du football, Jane n’a jamais été aussi proche de réaliser deux de ses plus vieux objectifs.

Le mois prochain, l’Afrique du Sud aura l’occasion de se qualifier pour la première Coupe du Monde Féminine de la FIFA™ de son histoire. Pour ce faire, les Banyana Banyana devront terminer parmi les trois premières de la Coupe d'Afrique des Nations Féminine de la CAF.

Mais auparavant, Fifi, comme la surnomment ses coéquipières, va pouvoir réaliser un autre rêve : elle vient en effet de décrocher un contrat à l’étranger et défendra les couleurs de Canberra United en W-League australienne, aux côtés de sa compatriote Rhoda Mulaudzi. "C’était très émouvant pour moi", confie l’intéressée à FIFA.com en évoquant le souvenir de son essai en Australie. "J’aurais du mal à dire ce que j’ai ressenti exactement. Quand l’entraîneur nous a dit qu’elle allait nous proposer un contrat, je suis restée sans voix."

Jane, qui suit actuellement un Master en gestion sportive, avait dû faire appel à un financement participatif pour financer son voyage en Australie. Malgré ses finances en berne, elle n’a pas hésité à offrir le voyage à Mulaudzi, sa "meilleure amie depuis 12 ans".

L’ancienne internationale australienne et actuelle entraîneur de Canberra Heather Garriock a tout de suite été impressionnée par l’attitude et le talent des deux Sud-Africaines. "Elles n’ont pas ménagé leurs efforts pour en arriver là. J’ai bien vu qu’elles retenaient leurs larmes quand nous leur avons annoncé qu’elles allaient rester. Elles avaient même du mal à parler. À ce moment-là, j’ai sans doute vécu l'un de mes plus beaux moments en tant qu’entraîneur", admet la technicienne.

Championne de sprint au niveau scolaire, Fifi a intégré l’équipe nationale juste avant les Jeux Olympiques de Londres 2012. Quelques jours après son 20ème anniversaire, elle menait la charge des Banyana Banyana de son poste de prédilection, au cœur du jeu. Depuis, elle est devenue l’un des piliers de l’équipe nationale. Le mois dernier, elle s’est illustrée en signant les deux buts de la victoire sud-africaine en finale du Championnat féminin COSAFA, face au Cameroun (2-1).

Qualification et revanche

Et dans quelques semaines, l’Afrique du Sud va devoir relever un nouveau défi. Il sera d'abord question de qualification mais aussi, quatre ans après un échec douloureux, d'une revanche à prendre. "Nous sommes déjà passées tout près de l’exploit, mais il nous a toujours manqué un petit quelque chose. Cette fois, nous ne voulons rien laisser au hasard. Nous devons absolument nous qualifier pour la Coupe du Monde", annonce Jane. "Nous en parlons tout le temps. Nous avons échoué de peu en 2015 et, depuis, nous travaillons sans relâche pour rectifier la situation. Quand nous nous retrouvons à l'occasion d'un stage, nous essayons de garder à l’esprit que nos préparations doivent nous permettre d’accéder au niveau supérieur. Nous sommes prêtes à tous les sacrifices pour y arriver."

Un tournant

Malgré ses deux qualifications pour les Jeux Olympiques, l’Afrique du Sud n’a encore jamais réussi à forcer les portes de l’épreuve mondiale. L'arrivée de l’Afrique du Sud sur la plus grande des scènes, en France qui plus est où l'équipe masculine avait disputé sa première Coupe du Monde en 1998, marquerait un tournant important.

"Il y a beaucoup de joueuses dans notre pays qui admirent les stars qui jouent en équipe nationale. Nous voulons leur ouvrir des portes. Nous voulons prouver au monde que l’Afrique du Sud a du talent, que nous avons les moyens d’évoluer au plus haut niveau", confie Jane. "Si nous y parvenons, nous ne contenterons pas de changer nos vies ; nous changerons les vies de tous nos compatriotes."