Sinclair lance la fête

Tout au long de sa brillante carrière, la Canadienne Christine Sinclair a collectionné les moments mémorables. On imagine que les deux médailles de bronze olympiques remportées avec la sélection à la feuille d'érable figurent en bonne place sur sa liste personnelle. Toutefois, un penalty décisif transformé en 2015 tient également une place à part dans son cœur.

Nous sommes le 6 juin, en plein match d'ouverture de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Canada 2015™, au Commonwealth Stadium d'Edmonton. Tout un pays se prépare à vivre dans l'allégresse le plus grand tournoi de football jamais organisé sur ses terres.

En tribunes, 53 058 personnes sont présentes pour soutenir les Canucks, qui affrontent la RP Chine, finaliste malheureuse de l'édition 1999, pour le compte du Groupe A. Malgré les encouragements passionnés des supporters et quelques belles occasions de part et d'autre, les deux équipes s'acheminent vers un nul vierge à quelques minutes du coup de sifflet final.

Penalty Mais tout bascule dans le temps additionnel. L'arbitre ukrainienne Kateryna Monzul accorde un penalty aux hôtesses suite à une faute de Rong Zhao sur la remplaçante Adriana Leon dans la surface de réparation. La capitaine canadienne prend ses responsabilités et s'empresse d'expédier le ballon hors de portée de gardienne Fei Wang. Les protégées de John Herdman viennent de remporter un succès précieux.

Sur le moment, le public n'y a vu que du feu mais, avec le recul, Sinclair nous avoue aujourd'hui avoir ressenti une grande nervosité en posant la balle sur le point de penalty. "Pour être tout à fait exacte, ça ressemblait à de la panique", confie l'intéressée à FIFA.com. "Quand j'ai compris que j'allais devoir m'en charger, j'ai été envahie par la peur. Heureusement, nous avions beaucoup travaillé sur l'aspect psychologique, ce qui m'a permis de vite retrouver ma concentration."

"J'ai tiré des millions de penalties à l'entraînement. J'en avais même transformé un contre cette gardienne l'année précédente. Je me suis demandé de quel côté je devais frapper. Finalement, j'ai posé le ballon au sol et j'ai fait mon choix, en espérant que mon tir allait finir au fond des filets", ajoute-t-elle.

Meilleure buteuse de l'histoire de la sélection canadienne (165 réalisations pour 250 sélections), Sinclair a signé quelques frappes spectaculaires durant sa carrière. Elle conserve néanmoins un souvenir ému de ce simple penalty.

"Pour moi, il fait partie de mes deux ou trois buts les plus importants", confirme-t-elle. "Nous allions disputer le match d'ouverture de la Coupe du Monde chez nous, devant nos supporters et des millions de téléspectateurs à travers le monde. Je n'avais jamais ressenti une telle pression."

L'union fait la force Le public présent ce jour-là à Edmonton conserve sans doute d'autres souvenirs de cette rencontre, aussi haletante qu'indécise. Les joueuses se sont immédiatement précipitées vers le banc de touche pour fêter ce but victorieux avec leurs entraîneurs. Sinclair a été l'une des premières à venir se jeter dans les bras du sélectionneur John Herdman.

L'attaquante reste persuadée que ces quelques secondes résument parfaitement l'esprit qui anime la sélection canadienne. "À chaque fois que nous marquions en Coupe du Monde, nous nous dirigions spontanément vers le banc. Nous formions une véritable équipe avec nos entraîneurs."

"Le soulagement dans les rangs des joueuses et sur le banc était presque palpable ce jour-là. Ça faisait des années que nous attendions ce tournoi. Il y avait une pression énorme sur nos épaules, d'autant que nous attendions beaucoup de nous-mêmes. C'est la raison pour laquelle il était si important de fêter ce moment tous ensemble."

Ces instants de bonheur intense ont aussi contribué à donner le ton de la Coupe du Monde Féminine. De son côté, Sinclair se félicite d'avoir donné le coup d'envoi de la fête. "Tout s'est joué dans les derniers instants. On peut dire que le suspense était au rendez-vous ! Les gens ont dû penser que si le reste du tournoi était à l'avenant, ils allaient vivre quelques semaines de folie."