mardi 19 février 2019, 12:39

Une Vieille Alliance va renaître en France

  • La Coupe du Monde Féminine est la première compétition FIFA senior de l'Écosse depuis France 1998

  • Des milliers d'Écossais ont prévu de faire le déplacement

  • FIFA.com a rencontré un supporter impatient de revenir en France 21 ans après

"J’ai vécu ma première Coupe du Monde en France, en 1998. C’est drôle, je me souviens m’être dit à l’époque que ce serait la première d’une longue série. Si j’avais su... " Stewart Mackinlay laisse échapper un rire désabusé à l’évocation de ce souvenir de jeunesse. Il avait 19 ans à l’époque ; aujourd’hui, ce supporter de Dunfermline en a près de 40. Il reste pourtant plus que jamais un fidèle soldat de la Tartan Army, le surnom donné aux fans écossais. L’an dernier par exemple, il n’a pas hésité à parcourir plus de 4 000 kilomètres pour suivre son équipe nationale à Haïfa. Le lendemain, il était à Kiev pour encourager les U-21 écossais. En guise de récompense, il a assisté à deux défaites...

De telles mésaventures font partie depuis longtemps du quotidien de Mackinlay et de ses frères d’armes. Depuis 1998, l’Écosse a manqué dix grands rendez-vous internationaux consécutifs. "Ce n’est pas la joie", confirme-t-il. "S’il y a une nouvelle façon de ne pas se qualifier, je pense que nous allons bientôt l’inventer !"

Vingt-et-un ans après son séjour en France, Mackinlay s’apprête pourtant à renouer avec la Coupe du Monde, en France qui plus est. Cette fois, il sera là pour encourager l’équipe nationale féminine, qui s’apprête à faire sa première apparition dans cette compétition. Mackinlay a assisté à tous les matches de qualification à domicile. Il était aussi présent aux Pays-Bas pour l’UEFA EURO féminin 2017. Comme lui, ils sont des milliers à envisager de faire le déplacement.

"Nous étions nombreux pour soutenir notre équipe à l’Euro. J’imagine qu’il y aura encore plus de monde cette fois-ci. L’équipe n’a cessé de gagner en popularité ces dernières années. Notre sélection a réalisé de gros progrès, mais elle n’est pas la seule ; c’est tout le football féminin qui a franchi plusieurs paliers en très peu de temps", estime-t-il.

Si l’absence de l’Écosse lors des grandes compétitions se fait autant sentir, c’est aussi en raison de la passion de ses supporters, qui ne passent jamais inaperçus. Les journalistes venus couvrir France 1998 ont élu les Écossais meilleurs fans du tournoi. Après avoir reçu le Prix du Fair-play de l’UEFA au début de la décennie, les Écossais ont continué à se faire des amis lors de chaque campagne de qualification, indépendamment des résultats.

"C’est vrai, nous nous sommes bâti une bonne réputation et nous en sommes très fiers", confirme Mackinlay. "Nous buvons beaucoup, mais nous avons l’alcool gai ! Et nous sommes toujours très bien reçus. Les actions caritatives de la Tartan Army Sunshine Appeal sont également très appréciées. On parle souvent dans les médias locaux de nos dons à des associations caritatives dans les pays que nous visitons. Il y a donc un lien qui se crée, avant même notre arrivée."

Une vieille et belle amitié

Mais, de leur propre aveu, les Écossais n’ont jamais été aussi bien reçus qu’en France. Les deux pays entretiennent une amitié historique depuis le 13ème siècle. À l’époque, l’Écosse et la France se retrouvent au sein de la Vieille Alliance, pour contrer les invasions anglaises. Comme Mackinlay peut en témoigner, les sentiments ont résisté à l’épreuve du temps.

"Les Français nous réservent toujours un accueil très chaleureux. Quand on croise des gens dans la rue, ils commencent par dire qu’ils ne parlent pas anglais, mais dès qu’on parle d’Écosse ou qu’ils reconnaissent notre écusson, leurs visages s’éclairent et ils se rendent compte que, finalement, ils parlent très bien anglais !", rigole-t-il. "Après la Coupe du Monde 98, l’un de mes amis s’est marié avec une serveuse bordelaise. Elle l’a viré du pub où elle travaillait. Le lendemain, il est revenu pour s’excuser et peu de temps après, ils étaient fiancés ! Des histoires comme celle-là, je pourrais en raconter beaucoup."

Mackinlay a déjà eu l’occasion de revenir en France depuis 1998. En 2007, il était présent à Paris avec 25 000 Écossais pour voir ses héros triompher 1-0 sur le terrain des Bleus. À l’issue de la partie, le sélectionneur français de l’époque, Raymond Domenech, avait relevé avec humour : "C’est à croire que tous les Écossais avaient quitté leur pays pour venir en France, et qu’ils avaient tous un billet pour le match !"

"Ça fait longtemps que je suis l’Écosse, mais je crois bien que c’est la plus belle victoire à laquelle j’ai assisté. En fait, bon nombre de mes souvenirs de supporters écossais sont liés à la France", poursuit Mackinlay, pour qui ce bel été 1998 tient une place à part. "J’étais venu en bus depuis Dunfermline. Le match d’ouverture contre le Brésil reste sans doute le temps fort de ce voyage. Je me souviens qu’on m’a proposé mille livres à l’époque pour mon billet. C’était beaucoup d’argent, surtout pour un jeune de 19 ans. Mais je n'ai pas hésité une seconde. Je me rappelle que nous étions dans le stade plusieurs heures avant le coup d’envoi. Il régnait une ambiance exceptionnelle. Les célébrations qui ont suivi notre but étaient grandioses."

Comme tant d'autres, cette aventure écossaise a connu une fin prématurée. Cet été, Mackinlay et les autres membres de la Tartan Army espèrent profiter un peu plus longtemps de leur séjour en France. Mais ils vivront chaque minute pleinement.

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