lundi 25 juin 2018, 05:46

Les Danish Dynamites pris entre deux feux

  • Invaincu depuis 17 matches, le Danemark a quatre points

  • Le style de jeu proposé ne fait pourtant pas que des heureux

  • "Que veulent-ils de plus ?", rétorque le sélectionneur

Par Svend Bertil, avec le Danemark

On le sait, en football, personne ne peut se passer de résultats. Mais la victoire est-elle vraiment ce qui compte le plus ? Dans certains pays, la question de l’équilibre entre élégance et efficacité, individualisme et cohérence collective, occupe le devant de la scène depuis de nombreuses années.

Les supporters brésiliens illustrent parfaitement cet état d’esprit. Beaucoup considèrent en effet que l’équipe qui a remporté la Coupe du Monde de la FIFA™ en 1994 n’a jamais bénéficié de la même cote de popularité que sa devancière de 1982, qui était pourtant rentrée les mains vides.

Le Danemark connaît un contexte similaire. Les Scandinaves comparent en effet souvent l’équipe qui a disputé l’épreuve suprême en 1986 et les champions d’Europe 1992.

Ce débat divise depuis plus de 20 ans les acteurs du football danois. Chacun est sommé de choisir un camp : celui de l’équipe de 1986, avec son jeu inspiré du football total, du mouvement permanent et de l’occupation des espaces ou celui de Richard Moller Nielsen, qui a mené ses troupes au sacre en 1992 en s’appuyant sur un jeu rigoureux, fait de changements de rythme et d’attaques ultra-rapides.

Cette discussion se résume au bout du compte à un choix philosophique. Pourtant, elle n’a jamais semblé aussi pertinente qu’aujourd’hui. Après deux matches en Coupe du Monde, Age Hareide commence  à comprendre que les supporters danois ont certaines exigences.

L’intéressé a fait part de son désarroi cette semaine : "Je savais en arrivant que j’aurais à faire à un public difficile. Après tout, les Danois se considèrent comme les Brésiliens de la Scandinavie. Pourtant, ce n’est pas rien de rester invaincu pendant 17 matches. Que veulent-ils de plus ? Je crois que même si nous avions battu l’Australie, certains y trouveraient encore à redire".

Bien entendu, si le Danemark venait à battre la France et à valider par la même occasion son billet pour la suite du tournoi, personne ne s’en plaindrait. Mais pour les Danois, le football ne se résume pas aux résultats. Hareide mesure aujourd’hui que, s’il veut être accepté et respecté dans son pays d’adoption, il lui faudra trouver un compromis entre les partisans de la génération 1986 et ceux des champions d’Europe 1992.