mardi 03 avril 2018, 07:02

Capello : "En Italie, il faut tout reprendre à zéro"

  • Capello se remémore son but pour l’Italie en 1974

  • L’ancien sélectionneur anglais apprécie Harry Kane

  • Selon lui, la Russie peut passer le premier tour

En 36 ans passés sur les bancs de touche, l’Italien Fabio Capello a collectionné les trophées, notamment avec l’AC Milan, au début des années 90. S’il a bâti l’essentiel de sa réputation en club, Capello est aussi un habitué de la Coupe du Monde de la FIFA™. En tant que joueur, il a représenté son pays durant RFA 1974. Trente-six ans plus tard, il a mené l’Angleterre en huitièmes de finale d’Afrique du Sud 2010, avant de diriger la Russie à Brésil 2014.

Alors que Russie 2018 se profile à l’horizon, FIFA.com a rencontré le Mister pour évoquer ses souvenirs de l’épreuve mondiale. L'entraîneur qui reste sur une courte expérience à Jiangsu Suning, en RP Chine, n’a pas oublié le but inscrit lors de son unique apparition dans cette compétition. Il nous livre aussi ses réflexions sur le parcours des Three Lions en 2010. Enfin, il s’est confié sur l’échec inattendu de l’Italie dans la course à la qualification, et sur ses espoirs pour la Russie, une équipe qu’il connaît bien pour l’avoir entraînée.

M. Capello, la Coupe du Monde approche à grands pas. Quels souvenirs gardez-vous de votre participation à l’édition 1974 ? J’ai marqué un but inutile contre la Pologne. Nous avons perdu le match 2:1, un résultat qui nous a condamnés à l'élimination aux dépens de l’Argentine, à la différence de buts. Alors pour être franc, ce n’est pas un très bon souvenir. Beaucoup d’immigrés italiens qui travaillaient en Allemagne étaient présents pour nous soutenir. Notre départ à l’issue de la phase de groupes n’en était que plus regrettable.

Regrettez-vous de n’avoir disputé qu’une seule édition ? Auriez-vous pu aider l’Italie à faire mieux en 1970 et en 1978 ? J’étais très déçu de ne pas être du voyage en Argentine, en 1978. J’avais disputé tous les matches de qualification mais au moment de composer son groupe pour la phase finale, le sélectionneur m’a écarté. Ça reste encore aujourd’hui l’un de mes plus grands regrets.

Pour en entraîneur, quels sont les grands défis à relever en Coupe du Monde ? Quand on travaille avec une équipe nationale, il faut comprendre de quel effectif on dispose et ce qu’il est possible de réaliser. On doit tirer le meilleur parti de ses joueurs et les emmener le plus loin possible. Mais parfois, le succès n’est pas au rendez-vous. Certains joueurs supportent mal la pression. Même des stars confirmées peuvent commettre des erreurs en Coupe du Monde. Une équipe a besoin d’hommes forts pour aller de l’avant, mais on ne peut jamais prédire ce qui va se passer.

Avec le recul, quel regard portez-vous sur le parcours de l’Angleterre en 2010, et qu'attendez-vous pour 2018 ? Pour 2010, je suis triste. Nous avons failli revenir à 2:2 en première mi-temps contre l’Allemagne. Pour les Anglais, je crois qu’il vaut mieux parler d’une autre Coupe du Monde. Le gros problème de l’Angleterre, c’est que les joueurs abordent la Coupe du Monde après une saison épuisante, au cours de laquelle ils ne se reposent pratiquement jamais. Cette fois, l’Angleterre peut compter sur des jeunes très talentueux et expérimentés. Peut-être parviendront-ils à ignorer la pression et à jouer en toute liberté. Mais selon moi, le plus gros problème, c’est qu’ils vont arriver en Russie en étant très fatigués. Face à eux, ils risquent de trouver des adversaires en pleine forme.

Auriez-vous aimé disposer d’un joueur comme Harry Kane lorsque vous étiez sélectionneur de l’Angleterre ? C’est un grand attaquant, qui tient un rôle essentiel. Toutes les équipes rêveraient de posséder un joueur comme lui. Il a surtout un excellent sens du but. Il n’attend pas le ballon. Il est toujours en mouvement afin de porter le danger dans le camp adverse.

Vous connaissez bien la Russie. Selon vous, que peut-elle raisonnablement espérer dans cette compétition ? J’ai suivi le tirage au sort. Je pense que les Russes passeront le premier tour. Durant mon séjour en Russie, j’ai partagé mon expérience, mais j’ai aussi appris des choses. J’espère que ces échanges permettront à l’équipe de bien aborder le tournoi et d’aller le plus loin possible. Ce serait une bonne nouvelle pour ce pays, qui investit beaucoup dans le football.

Et que peut-on attendre de la Russie, en tant que pays hôte ? La Russie est un grand pays et ses citoyens sont fantastiques. Ils ont beaucoup investi dans cette Coupe du Monde et je m’attends à ce que tout se passe dans une atmosphère sécurisée. Les Russes voudront faire bonne impression devant le reste du monde et ils ont toutes les qualités pour organiser un grand tournoi.

L’échec de l’Italie dans les qualifications pour Russie 2018 a surpris énormément de monde. Comment rendre à la Squadra Azzurra son lustre d’antan ? J’ai été très triste en apprenant que l’Italie ne serait pas du voyage en Russie. Nous avons remporté cette compétition quatre fois et nous faisons partie des équipes qui comptent sur la scène internationale. Mais le football italien traverse une crise. Nous manquons de grands joueurs et les performances de l’équipe nationale s’en ressentent. Il faut tout reprendre à zéro pour comprendre d’où viennent nos problèmes. Il est capital à mes yeux de construire quelque chose de différent, en nous appuyant sur les caractéristiques des footballeurs italiens. Nous ne gagnerons rien à essayer de copier le style des autres.