Les 37 000 personnes du stade Loftus Versfeld de Pretoria se lèvent et retiennent leur souffle. Même les vuvuzelas se sont tues. Le Paraguay a la possibilité de signer un exploit historique et toute la pression repose sur les épaules d’un homme, Óscar Cardozo, qui va exécuter sa mission avec une assurance étonnante. "C’était comme si j’avais dû tirer un penalty sur le terrain de mon quartier", a-t-il confié à FIFA.com.
Lors de l’entretien accordé en exclusivité après ce tir qu’il décrit comme étant "le plus important" de sa carrière, l’avant-centre des Albirrojos et du Benfica dégage une tranquillité carrément anormale pour quelqu’un qui vient de sceller la première qualification de son pays pour les quarts de finale d’une Coupe du Monde de la FIFA.
Le Paraguay a donc éliminé le Japon au terme de la première séance de tirs au but d’Afrique du Sud 2010, à laquelle il a fallu recourir pour départager deux équipes incapables de faire trembler les filets au cours du temps réglementaire et de la prolongation. Pour un serial-buteur comme Cardozo, ces 120 minutes ont dû durer une éternité, mais l’important reste qu’il ait pu faire mouche au moment capital. "C’est un grand moment pour nous tous, car le Paraguay n’avait jamais atteint ce stade. Nous sommes ravis de ce que nous avons obtenu aujourd’hui et, à titre personnel, c’est évidemment un aboutissement", reconnaît l’attaquant, qui s’est chargé de concrétiser le cinquième tir au but guarani, scellant la victoire par 5:3 sur le Japon.
Pour étonnant que cela puisse paraître, Tacuara n’a pas tremblé au moment d’affronter cet instant décisif. C’est même lui qui s’est porté volontaire, alors qu’il n’avait pas vraiment joué un rôle prépondérant dans le parcours mondialiste de son équipe. L’attaquant de Benfica sort pourtant d’une saison très convaincante, qui l’a vu remporter le classement des buteurs de l’UEFA Europa League avec neuf réalisations et du championnat du Portugal (26 buts), mais en équipe du Paraguay il se partage le temps de jeu avec d’autres attaquants de renom. D’où le fait qu’il n’ait passé que 114 minutes sur les terrains sud-africains.
"On ne peut que s'incliner"
"Cardozo ne joue pas avec le Paraguay le même rôle qu’avec Benfica. Pourtant, c’est lui qui, à la fin de la prolongation, est venu me trouver pour me proposer de frapper non seulement un penalty, mais le cinquième penalty", a révélé le sélectionneur Gerardo Martino. "Quand un joueur fait ce genre de demande et qu’il frappe son tir au but comme il l’a fait, on ne peut que s’incliner."
Flash-back vers la scène où tous les spectateurs du Loftus Versfeld attendent debout son tir au but pour comprendre ce qu’il a fait de si particulier. Après le raté de Yuichi Komano, Cardozo dépose le cuir sur le point de penalty en sachant déjà qu’en cas de succès, il mettra un terme à une fière bataille et qualifiera son équipe pour les quarts de finale. Malgré cet enjeu, l’attaquant attend calmement que le gardien Eiji Kawashima se couche sur sa gauche pour envoyer le cuir, du plat du pied gauche, du côté opposé. 5:3 pour le Paraguay et mission accomplie.
Cardozo vient d’offrir à son pays son premier billet pour les quarts de finale de la reine des compétitions, mais son esprit semble bien loin de Pretoria, à 8 000 km de distance, dans la petite ville de Doctor Juan Eulogio Estigarribia. "J’ai réussi à faire le vide total dans ma tête, à évacuer toute pression", affirme-t-il.