jeudi 13 avril 2017, 11:57

El Pato pas si pataud

Chaque semaine jusqu’à Russie 2018, FIFA.com présente une photo qui a marqué l'histoire de la Coupe du Monde de la FIFA™. 

"S'il y a un homme qui peut prétendre être le principal artisan de la présence de l'Argentine en finale d'une Coupe du Monde pour la première fois depuis 48 ans, c'est bien Ubaldo Fillol." The New York Times écrivait les lignes qui précèdent quelques jours avant la finale de la Coupe du Monde de la FIFA 1978™, que l'Argentine s'apprêtait à disputer sur son propre sol. En ce mois de juin 1978, entre le match d'ouverture et la finale, Fillol avait brillé à maintes reprises en s'envolant pour s'interposer efficacement sur les tentatives adverses.

Dans un pays tout vêtu de blanc et de ciel, le gardien surnommé "El Pato" (le canard) est devenu en un mois une légende nationale. Mais si beaucoup le considèrent comme le meilleur portier de l'histoire de l'Albiceleste, cela n'enlève rien au fait que sa présence dans les cages argentines n'avait rien d'une certitude avant le début de cette Coupe du Monde 1978.

On raconte en effet que quelques années auparavant, il avait refusé l'invitation du sélectionneur argentin Cesar Menotti à évoluer en équipe nationale s'il n'était pas assuré d'être titulaire. "Fillol pense peut-être qu'il est Pelé, mais il ne l'est pas", avait sèchement commenté Menotti à l'époque.

Mais une blessure au genou du gardien titulaire Hugo Gatti a forcé Menotti au compromis. "Je vais convoquer Fillol", avait-il concédé. "J'ai toujours dit que Fillol avait laissé passer une chance et qu'il devrait attendre pour en avoir une autre." Et il l'a eue…

Sur la photo ci-dessus, l'Albiceleste est encore bien loin de décrocher le titre mondial. Dans ce match de groupe contre la France, Fillol et ses coéquipiers savent qu'une victoire les qualifierait automatiquement pour le deuxième tour, car ils avaient battu la Hongrie lors de la première journée, après toutefois avoir été menés au score.

Dans un Estadio Monumental qu'il connaît à la perfection en qualité de gardien du club de River Plate, Fillol prend vite ses marques et bien lui en prend, car on assiste à une première mi-temps quasiment en sens unique pour les Bleus. Mais le gardien argentin tient la baraque et juste avant la pause, son coéquipier à River Plate, Daniel Passarella, ouvre la marque sur penalty devant une foule en délire. Après la pause, l'inévitable Michel Platini égalise pour les hommes dirigés par Michel Hidalgo. Les Argentins reprennent l'avantage et sur le cliché ci-dessus, on voit Fillol effectuer un arrêt spectaculaire sur une tentative de Dominique Rocheteau, qui sans la parade du portier argentin aurait égalisé.

L'ailier tricolore était déjà passé à deux doigts de tromper Fillol du bout du pied plus tôt en deuxième période. Leopoldo Luque avait donné l'avantage aux Argentins d'une reprise de volée à bout portant, et l'attaquant du Paris Saint-Germain avait essayé d'en faire autant pour la France.

Après avoir contrôlé de la cuisse une tête de Marius Trésor, Rocheteau a déclenché une puissante frappe du gauche qui aurait terminé sa course dans la lucarne sans la spectaculaire intervention de Fillol. À un quart d'heure du terme, cette parade du gardien albiceleste a permis à l'Argentine de tenir puis de s'ouvrir les portes de la deuxième phase avant même d'avoir disputé son ultime match du premier tour. Au bout du compte, les locaux soulèveront le trophée mondial… avec Fillol dans le rôle du héros.

Le saviez-vous ? Les plus observateurs d'entre vous auront remarqué que Fillol porte le numéro 5 sur la photo ci-dessus. La raison est simple : les joueurs argentins avaient décidé de s'attribuer les numéros en respectant l'ordre alphabétique. Le numéro 1 d'habitude réservé au gardien est revenu au milieu de terrain Norberto Alonso. Dans le Musée du football mondial de la FIFA, vous pouvez admirer les maillots d'Osvaldo Ardiles (numéro 2) et d'Americo Gallego (numéro 6) dans le cadre de l'exposition consacrée à Argentine 1978.