jeudi 23 juin 2016, 14:34

L'Argentine fait le show au Centenario

La cadre a peut-être changé. Les conditions d'accueil et de sécurité certainement. Mais si la Coupe du Monde de la FIFA™ a bien sûr évolué au fil des ans, l'engouement qu'elle suscite demeure, lui, identique.

Tout le monde se souvient ainsi des dizaines de milliers d'Argentins traversant la frontière afin d'assister à la finale de Brésil 2014. Il en était de même lors de la toute première épreuve mondiale de l'histoire, en 1930. Les supporters immortalisés sur ce cliché avaient en effet entrepris de passer le fleuve les séparant de l'Uruguay et de Montevideo pour aller encourager leur équipe à l'occasion de sa demi-finale contre les États-Unis, à l'Estadio Centenario.

Si le score final (6:1) en faveur de l'Albiceleste laisse penser à une rencontre à sens unique, les Américains n'étaient pourtant menés que d'un seul but à la mi-temps. Ces 45 minutes initiales ont toutefois sonné le glas de leurs ambitions : le gardien James Douglas s'est tordu le genou et s'est retrouvé en difficulté sur ses appuis, tandis que Ralph Tracy a carrément été victime d'une fracture de la jambe droite. Pour couronner le tout, le sélectionneur Jack Coll a fait tomber sa trousse de soins en voulant aller secourir un joueur blessé. Dans l'accident, il a laissé échapper un plein flacon de chloroforme, qui s'est brisé. Les vapeurs l'ont tellement indisposé que c'est lui qui a dû être transporté hors du terrain, plutôt que le joueur qu'il venait soigner.

Tracy, de son côté, a fait preuve d'un courage remarquable en restant sur la pelouse jusqu'à la pause malgré sa jambe cassée. Il n'a toutefois pas pu poursuivre la rencontre et, les remplacements n'existant pas encore à l'époque, il a assisté en spectateur au naufrage de ses coéquipiers, réduits à dix. L'Argentine a exploité intelligemment les failles dans la défense adverse et s'est même payé le luxe de trouver trois fois le chemin des filets en l'espace de sept minutes pour prendre jusqu'à six buts d'avance.

Ce succès a déclenché d'importantes scènes de liesse au pays, où dix bateaux ont immédiatement été affrétés pour transporter les fans de l'autre côté du fleuve en vue de la finale. À Buenos Aires, des milliers de personnes sont restées à quai, réclamant en vain des navettes supplémentaires. On estime à 30 000 - dont un tiers seulement possédait un billet pour le match - le nombre d'Argentins qui ont effectué le voyage. En arrivant, ils ont découvert une ville de Montevideo dans le même état d'excitation qu'eux et un Centenario plein à craquer deux heures avant le coup d'envoi.

Mais cette fois-ci, il n'y a pas eu de célébrations. L'Uruguay, qui avait déjà battu sa voisine deux ans auparavant en finale des Jeux Olympiques, a réitéré sa performance, devenant le premier lauréat de la Coupe du Monde. L'Argentine, elle, a dû attendre encore 48 ans.

Le saviez-vous ? La médaille de finaliste de l'Argentin Guillermo Stabile, double buteur dans cette demi-finale et meilleur réalisateur d'Uruguay 1930, est exposée au Musée du Football mondial de la FIFA à Zurich.

Guillermo Stabile's silver medal from the 1930 @FIFAWorldCup, with 8 goals he was the tournament's top scorer. pic.twitter.com/YRenS3P6Ck

— FIFA Museum (@FIFAMuseum) 23. Juni 2016