jeudi 28 juin 2018, 08:37

La réponse de Thiago Silva

  • ​Thiago Silva redevient indispensable au Brésil

  • Le défenseur a été désigné comme l'un des principaux responsables de l'échec de 2014

  • Le sélectionneur Tite a refait confiance au défenseur du Paris Saint-Germain

De notre reporter d'équipe avec le Brésil, Giancarlo Giampietro

"Pourquoi ne jouez-vous pas avec le Brésil, alors que vous êtes un joueur vedette dans votre club ?" Cette question et bien d’autres du même tonneau, Thiago Silva y a souvent eu droit pendant plus d’une saison, alors qu’il était écarté de la Seleção, au début des qualifications pour Russie 2018. À l’époque, c’était Dunga aux commandes.

En voyant le défenseur central du Paris Saint-Germain s’élever au premier poteau pour inscrire de la tête le but qui a scellé la victoire brésilienne face à la Serbie, certains se sont sûrement demandé comment Dunga avait bien pu se passer d’O Mostro. Ajoutez à cela une copie défensive irréprochable - le plus important, comme il l’a rappelé à FIFA.com - et cette période d’ostracisme semble encore plus inexplicable.

"J’ai la sensation du devoir accompli. Cela vient non seulement du but, mais aussi de notre bonne tenue défensive. Nous avons encore été très solides et nous assurons un autre match sans encaisser de but", s’est réjoui le capitaine du PSG. "Quand les choses se passent comme ça et qu’on a la chance de marquer un but, on ressent encore plus de fierté."

C’est fort d’une série de 14 matches sans défaite que le Brésil se présentera face au Mexique en huitième de finale. Depuis l’arrivée de Tite à la barre, il ne s’est incliné qu’une seule fois en 24 sorties et n’a encaissé que six buts. Ces statistiques viennent confirmer qu’en plus de pratiquer un football attractif, la Canarinha défend aussi très bien.

Pour se protéger face à une Serbie sans complexe, les Sud-Américains ont adopté une méthode qu’ils affectionnent et qui est plutôt agréable à l’œil : le contrôle de la possession de balle. C’est ainsi qu’ils ont connu une première période somme toute tranquille. Au retour des vestiaires en revanche, les Aigles Blancs se sont réveillés et ont acculé leurs adversaires pendant dix minutes. "C’est comme ça, les matches internationaux, on sait que l’on va être amenés à souffrir par moments. Le plus important, c’est que l’équipe a su souffrir", rappelle le défenseur auriverde.

C’est un Thiago Silva confiant, tête haute et épaules relâchées qui s’est présenté devant les micros. Cette sérénité tient non seulement à la qualification pour les huitièmes, grâce à ce deuxième succès de rang au premier tour - une première depuis la phase de groupes de l’édition 2010 -, mais aussi à son propre retour au premier plan.

Même s’il n’était pas sur le terrain lors du naufrage face à l’Allemagne en demi-finale de l’édition 2014, le défenseur avait été la cible de nombreuses critiques. Son image, celle d’un capitaine en larmes dans le Mineirão lors du huitième irrespirable remporté aux tirs au but contre le Chili, restera comme l’un des symboles de cette campagne.

Soudain, l’un des meilleurs défenseurs centraux de la planète était devenu un moins-que-rien. Voilà le type de volte-face auquel s’exposent les idoles dans un pays où le football est bien plus qu’un jeu.

On se souvient d’ailleurs de l’une de ses premières conférences de presse avec la sélection actuelle, alors que le Brésil était en phase de préparation en Angleterre. Encore une fois, il a dû s’exprimer au sujet des doutes qu’il suscitait à l’époque. "Quand on ne gagne pas, on se fait traiter de loser", avait-il admis. "Je suis comme ça, émotif. Mais l’essentiel, c’est que ça n’a jamais affecté mes performances sur le terrain. Je fais en sorte de rester concentré sur ma mission et de tenir mon rôle de la meilleure des façons."

À Moscou, ce grand sensible a laissé éclater sa joie, en conservant toutefois une certaine retenue. Celle d’un homme qui sait mieux que quiconque qu’au Brésil, on peut passer de l’euphorie à la détresse en un clin d’œil.

C’est d’ailleurs pour cela qu’un défenseur central de son calibre est resté en marge de la sélection pendant aussi longtemps. Tite a essayé de le réhabiliter progressivement et il récolte aujourd’hui les fruits de son travail. Et l’on connaît désormais la réponse à une question que plus personne ne pose aujourd’hui.