jeudi 12 juillet 2018, 13:42

Lahm : "Le vainqueur héritera de notre fierté"

Il y a quatre ans au Brésil, Philipp Lahm est devenu le premier capitaine allemand depuis 24 ans à soulever le trophée suprême. Ce triomphe a fait de lui l’un des joueurs les plus titrés de tous les temps. Champion d’Allemagne, vainqueur de la Coupe d’Allemagne, de la Ligue des champions de l'UEFA, de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA... Suite au sacre de la Mannschaft au Brésil, le latéral avait pris sa retraite internationale. En 2017, Philipp Lahm a définitivement raccroché les crampons, à 34 ans.

Malgré son statut de jeune retraité, il retrouvera la Coupe du Monde le 15 juillet prochain. Il sera présent au Stade Loujniki pour présenter le Trophée Original de la Coupe du Monde de la FIFA aux spectateurs du Stade Loujniki avant l'entée des deux équipes sur le terrain. "Je me prépare à transmettre la grande fierté que le football allemand a éprouvée pendant quatre ans. Pour nous et pour tous nos concitoyens, l’heure est à la tristesse, mais il faut voir dans cette situation difficile un défi qui nous est lancé pour reconquérir cette coupe", explique l’homme aux 113 sélections à FIFA.com.

Pour nous, il évoque la finale entre la France et la Croatie, son bonheur à l’idée de retrouver le Trophée de la Coupe du Monde ou encore le parcours décevant des tenants du titre en Russie.

Philipp Lahm, quatre ans après, vous vous apprêtez à présenter le Trophée lors de la finale. Comment vivez-vous cet événement et comment s’annoncent vos retrouvailles avec la statuette ? Je me prépare à remplir cette mission au nom de l’équipe d’Allemagne et de tout le pays. Dans quelques jours, je transmettrai l’immense fierté qui a été la nôtre à l’équipe qui s’imposera lors du point d'orgue de cette grande fête du football. Le vainqueur héritera de notre fierté.

À quoi penserez-vous en remettant le Trophée ? C’est un moment qui s’annonce d’autant plus marquant qu’il sera unique. C’est un objet que l’on n’a pas l’occasion de tenir très longtemps entre ses mains. En tant que capitaine, j’aurai certainement une pensée pour tous ceux qui l’ont touché avant moi : les anciens capitaines de l’équipe d’Allemagne comme Fritz Walter, Franz Beckenbauer ou Lothar Matthäus, mais aussi de grands capitaines comme Bobby Moore, Carlos Alberto, Daniel Passarella, Dino Zoff, Diego Maradona, Carlos Dunga, Didier Deschamps, Cafu, Fabio Cannavaro ou encore Iker Casillas.

Quels souvenirs vous viennent en premier à l’esprit, lorsque l’on vous parle de Brésil 2014 ? Le coup de sifflet final. Les minutes qui se sont écoulées entre le but de Mario Götze et la fin du match ont été les plus longues de ma carrière. Je ne pensais qu’à une chose : ‘S’il vous plaît, faites que ça s’arrête !’ Je me souviens que, dans les derniers instants, l’Argentine a obtenu un coup franc que Lionel Messi a envoyé au-dessus de la transversale. Ensuite, Manuel Neuer a dégagé et l’arbitre a sifflé. Je repense toujours à ces dernières minutes et aux deux heures qui ont suivi la fin du match.

Au Maracanã, Carles Puyol vous avait tendu le Trophée. Qui sera le premier à le soulever cette année ? C’est le football qui livrera son verdict. Je ne me hasarderai pas à faire un pronostic. Évidemment, j’imagine que ça pourrait être Hugo Lloris. Je sais ce que ça représenterait pour la France et pour ces joueurs de marcher sur les traces de la génération de Deschamps et Zidane. Mais c’est exactement la même chose pour Luka Modric et la Croatie, qui s’apprête à disputer la première finale de Coupe du Monde de son histoire.

Avez-vous été surpris de retrouver quatre équipes européennes en demi-finales ? Un peu car je m’attendais quand même à voir des Sud-Américains dans le dernier carré. Le Brésil, l’Argentine ou l’Uruguay ne manquent pourtant pas de joueurs de grand talent. En Europe, nous avons les meilleures infrastructures. Les championnats en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Italie et en France sont les plus riches et les plus attractifs. Les meilleurs joueurs se battent pour venir ici. La compétition est très intense et c’est ce qui explique que les équipes nationales européennes soient si fortes. Des pays plus petits, comme la Belgique ou la Croatie, profitent aussi de cette situation.

Que pouvez-vous nous dire des récentes performances du football allemand ? Construire une équipe capable de remporter l’Euro ou la Coupe du Monde est un travail de longue haleine, qui peut être comparé à une petite œuvre d’art. Ce qui s’est passé en Russie n’avait pas grand-chose à voir avec de l’art. Malgré tout, je suis convaincu que le football allemand saura se réinventer et produire une nouvelle génération qui justifiera la célèbre phrase de Gary Lineker : "Le football est un jeu simple : 22 joueurs courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent".

Malgré l’élimination précoce de la Mannschaft, vous serez présent en finale pour représenter l’Allemagne. Quels sont vos derniers mots avant de remettre le Trophée ? Je me prépare à transmettre la grande fierté que le football allemand a éprouvée pendant quatre ans. Cette fierté accompagnera les nouveaux champions du monde et c’est une image forte pour le football. Pour nous et pour tous nos concitoyens, l’heure est à la tristesse, mais il faut voir dans cette situation difficile un défi qui nous est lancé pour reconquérir cette coupe. Cet échec nous donnera la force de gagner la prochaine Coupe du Monde et d’être choisis pour organiser l’UEFA EURO 2024, afin que nous puissions de nouveau vivre une grande fête du football chez nous.