jeudi 06 octobre 2016, 11:59

Oranjes pressés... puis amers

Chaque semaine d’ici au coup d’envoi de Russie 2018, FIFA.com s’attarde sur une image classique de la Coupe du Monde de la FIFA™. Sur notre dernière photo, Johan Neeskens marque sur penalty le but le plus rapide jamais inscrit en finale de Coupe du Monde, en 1974.

La finale de la Coupe du Monde de la FIFA 1974™ est la rencontre qui a empêché les maîtres néerlandais du "football total" de décrocher le graal. Tout avait pourtant parfaitement commencé pour l’équipe de Johan Cruyff, à l'Olympiastadion de Munich, ce 7 juillet 1974...

Les Oranje de Rinus Michel donnent le coup d’envoi et gardent la possession en se faisant passer le ballon, ce qui leur vaut une bordée de huées et de sifflets de la part du public allemand. C’est alors que Cruyff prend ses responsabilités et perce depuis le milieu de terrain jusqu’à la surface de la RFA, où il est renversé par Uli Hoeness. L’arbitre de la rencontre, John Taylor, désigne le point de penalty. On ne joue même pas depuis une minute et aucun joueur ouest-allemand n’a encore vu la couleur du ballon.

Le tireur de penalty désigné des Pays-Bas n’est pas leur emblématique capitaine Cruyff, mais un autre Johan, qui portera lui aussi les couleurs du FC Barcelone : Johan Neeskens. "S’il y avait penalty, je savais que c’était pour moi", racontait Neeskens, plusieurs années après ce coup de pied de réparation. "En tant que joueur, ça fait bizarre car on a parfois besoin de sensations avec le ballon. Mais là, après même pas deux minutes, j’avais à peine touché le ballon et je n’étais même pas chaud. Et là, je me retrouve à devoir se tirer ce penalty devant 80 000 personnes hostiles, sous les yeux du monde entier. C’était la première fois que je ressentais une certaine nervosité au moment de tirer un penalty. Quand j’ai commencé à courir, je me suis dit : 'De quel côté, je tire ?'. Je tirais pratiquement toujours du côté droit des cages. Sur mon dernier appui, je me suis dit : 'Non, je vais plutôt tirer de l’autre côté'. Finalement, j'ai tiré au centre."

Neeskens, pionnier de la troisième option Les hésitations de Neeskens avant de tirer ce célèbre penalty ont créé un précédent. Dans une étude réalisée en 2008 et intitulée The penalty duel and institutional design: is there a Neeskens effect?), les universitaires Wolfgang Leininger et Axel Ockenfels l’ont crédité d’une innovation technique : celle consistant à faire du centre une solution pour le tireur de penalty. Hélas pour les Néerlandais, ce penalty ne les mènera pas à la victoire. Les hommes d’Helmut Schön égaliseront sur un penalty tiré par Paul Breitner, avant que Gerd Müller n’inscrive le but décisif avant la fin de la première période.

"Dans les moments comme ça, on ne peut pas penser à ce que l’on fait", raconte Breitner à propos de son propre penalty, dans le livre Twelve Yards de Ben Lyttleton. "Autrement, on court et on se mélange les pinceaux. Si vous regardez le penalty de Johan Neeskens de plus près, vous verrez ce que je veux dire. Neeskens l’a frappé fort car il n’était pas du tout prêt à tirer un penalty au bout d’une minute de jeu. Pour moi, c’était différent."

S’il a inscrit le but le plus rapide de l’histoire des finales de Coupe du Monde, Neeskens devra se contenter d’une décevante deuxième place. "On a perdu ce match mais tout le monde parlait de notre équipe et de notre football. On méritait de gagner cette finale," confiera-t-il.

The lucky holder of this ticket saw @beckenbauer become the first player to lift the new @FIFAWorldCup Trophy in 1974. #history pic.twitter.com/eEaqA7pXHX

— FIFA Museum (@FIFAMuseum) October 6, 2016

Le saviez-vous ? La finale de 1974 a été la première au terme de laquelle le trophée actuel de la Coupe du Monde a été brandi, en l’occurrence par le capitaine de la RFA, Franz Beckenbauer. Le billet de cette finale, que l’on voit ci-dessus, est exposé au Musée du Football de la FIFA. Il appartenait à un fan qui avait assisté à ce penalty et à cette remise de trophée historiques.