lundi 07 mars 2016, 08:21

Pizarro : "La qualification pour le Mondial serait comme un titre"

"Je veux jouer la Coupe du Monde avec le Pérou", confie Claudio Pizarro lorsque FIFA.com lui demande son plus grand rêve, même si le Péruvien aura 39 ans au coup d'envoi de la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™. Pour que ce rêve ait une chance de devenir réalité, la Blanquirroja, actuellement 42ème du Classement mondial FIFA/Coca-Cola, devra prendre des points à la fin du mois. Le 24 mars, le Pérou recevra le Venezuela, avant d'effectuer un périlleux déplacement en Uruguay cinq jours plus tard. * *

Heureusement, les Péruviens pourront compter sur un attaquant en grande forme. À 37 ans, le buteur du Werder Brême est récemment devenu le plus vieux joueur à signer un triplé en Bundesliga, à l'occasion d'un match contre le Bayer Leverkusen. Avec 100 réalisations, il peut ravir prochainement le titre de meilleur buteur de l'histoire du club à Marco Bode (101 buts).

Depuis près de deux décennies, Pizarro enchaîne les buts et les records, tant en club qu'en équipe nationale. En 2008, le Péruvien avait participé à la finale de la Ligue des champions de l'UEFA sous les couleurs de Chelsea. Cinq ans plus tard, il remportait le titre européen avec le Bayern Munich. Dans la foulée, il soulevait la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA. FIFA.com a évoqué le parcours de l'attaquant et ses ambitions. Claudio, vous avez annoncé vouloir vous qualifier pour la Coupe du Monde 2018 en Russie avec le Pérou. Est-ce réaliste à 37 ans ? Je me sens très bien en ce moment. Ma plus grande ambition, c'est de disputer une Coupe du Monde avec mon pays. L'année 2018 est encore loin, j'en suis conscient. Mais je n'ai pas abandonné tout espoir d'être du voyage. Ce sera dur, mais j'ai bien le droit de rêver. Je suis allé chez le médecin il y a quelque temps et j'ai légèrement modifié mon alimentation. Désormais, je sais ce qui est bon pour mon corps et ce qui ne l'est pas. Le revers de la médaille, c'est que je ne peux plus manger comme tout le monde. Mais ce n'est pas si grave. Par exemple, j'ai remplacé les pâtes traditionnelles par des pâtes d'épeautre. Je délaisse aussi les tomates, les pommes de terre ou les aubergines. À la place, je mange beaucoup de riz et de poisson. J'ai aussi abandonné le lait entier au profit du lait de soja et du lait d'amande.

Quelles caractéristiques typiquement allemandes avez-vous adoptées au fil des ans ? Je suis ponctuel et très organisé ! Et les chevaux de mon haras au Pérou (baptisé El Catorce en référence à son numéro) portent des noms en rapport avec ma vie en Allemagne. Ils s'appellent Allianz Arena, Karl-Heinz - pour Karl-Heinz Rummenigge - ou Marienplatz.

Vous avez reçu une offre du Real Madrid en 2001, avant d'opter finalement pour le Bayern. Pourquoi avoir fait ce choix ? Je crois que les dirigeants du Bayern étaient beaucoup plus intéressés par mes services que leurs homologues madrilènes. En plus, j'étais bien en Allemagne et pour moi, le Bayern était le plus grand club du monde.

Vous avez passé de nombreuses années en Allemagne, au point de devenir l'étranger comptant le plus de matches en Bundesliga. Quel regard portez-vous sur l'évolution du championnat ? Depuis mon arrivée, la Bundesliga n'a cessé de progresser. Je pense même que c'est actuellement le meilleur championnat du monde. Je crois que cette compétition peut attirer de nombreux joueurs car les matches sont d'un haut niveau, le pays est très agréable et tout est réuni pour que l'on se sente bien en Allemagne.

En tant que doyen au Werder Brême, bénéficiez-vous d'un statut particulier au sein du groupe ? Oui et je crois que c'est quelque chose de tout à fait normal. Lorsqu'un ancien prend la parole, les jeunes doivent l'écouter. J'ai presque deux fois l'âge de certains de mes coéquipiers. Ils pourraient être mes enfants ! (rires). Dans les paroles et dans les actes, je me dois d'incarner pour eux une sorte de figure paternelle.

En club, vous avez pratiquement tout gagné. En revanche, vous courez toujours après un succès avec le Pérou. Que représenterait la qualification pour la Coupe du Monde 2018 ? Nous n'avons plus réussi à nous qualifier depuis 1982. Tout le pays attend notre retour avec impatience. Nous avons de bons joueurs et les conditions sont réunies pour que nous puissions franchir le pas. De notre point de vue, une qualification pour la phase finale aurait valeur de titre.

Vous n'avez remporté qu'un seul de vos quatre premiers matches. Quels sont vos objectifs face au Venezuela et à l'Uruguay ? Il était très important pour nous de battre le Paraguay à domicile. Si nous voulons aller plus loin, il faudra commencer par prendre des points à la maison. Notre première mission consistera donc à battre le Venezuela devant nos supporters. Nous en sommes capables. Ensuite, nous tenterons d'obtenir un résultat positif en Uruguay. La Celeste est une bonne équipe, qui marche bien en ce moment. Les joueurs se connaissent parfaitement et le sélectionneur est en place depuis longtemps. Ce sera certainement très difficile pour nous mais dans notre situation, nous devons obtenir un maximum de points. L'idéal serait de commencer en Uruguay. Les qualifications sud-américaines pour la Coupe du Monde sont considérées comme très difficiles. Qu'en pensez-vous ? Le niveau est effectivement très élevé. Toutes les équipes possèdent des internationaux expatriés en Europe. La qualité ne manque pas sur le plan individuel. Chaque adversaire représente un défi de taille. En ce moment, tous les pays sont au même niveau, à l'exception du Brésil et de l'Argentine. Même pour ces deux géants, les qualifications n'ont rien de facile. La compétition préliminaire pour Russie 2018 s'annonce encore plus difficile que la précédente puisque, cette fois, le Brésil n'est pas qualifié d'office.

En sélection, il vous arrive de retrouver Paolo Guerrero, que vous avez côtoyé au Bayern Munich. Parlez-vous parfois en allemand pour que vos adversaires ne puissent pas vous comprendre ? Oui, de temps en temps, ça arrive. Sur des corners ou sur certains coups de pied arrêtés, nous discutons de nos appels en allemand pour dérouter nos adversaires. C'est utile si nous voulons mettre en place quelque chose d'un peu particulier.

**Vous n'êtes plus qu'à six réalisations du record de Teofilo Cubillas. Avez-vous encore l'espoir de devenir le meilleur buteur de l'histoire de la sélection péruvienne ? **Ce serait évidemment quelque chose d'extraordinaire et de magnifique. Mais l'essentiel pour nous, c'est d'accumuler le maximum de points. Peu importe qui se trouve à la conclusion. Sur le terrain, je n'y pense pas une seconde.

Vous êtes plutôt droitier mais vous marquez également beaucoup du pied gauche et de la tête. Vous arrive-t-il d'envier quelque chose chez l'un de vos coéquipiers ou de vos adversaires ? J'avoue que j'aimerais posséder le sens du dribble de Neymar ou de Lionel* *Messi. Ce serait fantastique. Mais bon, on ne peut pas tout avoir !