mardi 17 novembre 2020, 10:14

Renan Lodi : "Je suis presque un attaquant !"

  • Renan Lodi évoque le choc à venir face à l’Uruguay sur la route de Qatar 2022

  • Il se souvient des larmes de son père après l’élimination de la Seleçao en Afrique du Sud

  • Le Brésilien rend hommage à Luis Suárez et Joao Felix, ses coéquipiers à l’Atlético

"Le Brésilien le plus dangereux", estimait Marca, au lendemain de la victoire (1-0) sur le Venezuela, le 13 novembre dernier. "Il a orchestré les trois occasions de la Seleçao en première mi-temps." Le journal espagnol, taquin, a même été jusqu’à le présenter comme un "attaquant". Pourtant, Renan Lodi évolue bien au poste d’arrière gauche. Le défenseur de l’Atlético de Madrid a su profiter de l’absence de Neymar pour mettre en avant ses talents de créateur. Plusieurs médias l’ont même élu homme du match, une situation impensable il y a encore 18 mois.

À l’époque, le natif de Serrana n’avait jamais été sélectionné et jouait à l’Atletico Paranaense. Depuis, Renan Lodi a rejoint l’Atlético de Madrid et s’est imposé au poste d’arrière gauche en équipe nationale. Filipe Luis voit en lui "un phénomène". Junior le décrit comme "un immense talent". Diego Simeone, quant à lui, se félicite d’avoir récupéré "un joueur qui sait tout faire".

FIFA.com a rencontré le joueur de 22 ans pour évoquer sa trajectoire météorique, le duel à venir entre le Brésil et l’Uruguay dans les qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™, Luis Suarez, Joao Felix, les chances de l’Atlético de Madrid en Liga cette saison et les meilleurs spécialistes à son poste.

Renan Lodi, contrairement à vous, la plupart des internationaux brésiliens sont passés par les sélections de jeunes. Qu’avez-vous ressenti en participant à votre premier rassemblement, l’année dernière ?

J’ai fait mes classes au centre de formation de l’Atletico Paranaense. J’ai toujours rêvé de jouer pour mon pays, que ce soit avec les U-15, les U-17, les U-20 ou la Seleçao. À chaque fois qu’il y avait un match, j’espérais recevoir une convocation. J’étais déçu de voir qu'on ne faisait pas appel à moi. Je me suis donc concentré sur mon objectif : passer professionnel à l’Atletico Paranaense. Je savais que j’intègrerais un jour la Seleçao. Maintenant, je profite de chaque instant. Je veux jouer le mieux possible en club pour que le sélectionneur continue de faire appel à moi.

Il y a 13 mois, vous n’aviez jamais été convoqué. Aujourd'hui, vous êtes titulaire avec le Brésil. Comment expliquez-vous cette ascension ?

J’en suis extrêmement fier. Énormément de gens rêveraient d’être à ma place. J’adore ce maillot. J’essaye d’apprendre le plus possible au contact de mes coéquipiers et de mes entraîneurs. Je suis fou de joie d’être ici et je compte bien en profiter au maximum.

Vous avez déjà délivré trois passes décisives en six sélections. Tite vous encourage-t-il à monter le plus souvent possible ?

Je suis presque un attaquant ! (rires) Disons qu'avec le Brésil, je suis un peu plus libre. Ce n’est pas la même chose à l’Atlético. C’est très agréable. Tite me demande effectivement de monter souvent, mais il me rappelle aussi que je ne dois pas négliger mes responsabilités défensives.

Que pensez-vous des premiers résultats du Brésil dans les qualifications pour Qatar 2022 ?

Je suis très satisfait. Il y a une ambiance fabuleuse au sein du groupe. Franchement, je ne vois absolument rien à redire. Tous les joueurs sont là pour s’entraider. Nous sommes très contents de nos trois premiers résultats. Nous avons pris neuf points, c’est un sans-faute. Maintenant, nous allons affronter l’Uruguay et nous ne voulons pas en rester là. Nous allons tout faire pour livrer un bon match et continuer sur notre lancée.

Quel regard portez-vous sur l’Uruguay ?

Les Uruguayens sont très bien organisés. Ils sont difficiles à manœuvrer. Ils donnent tout, de la première à la dernière minute. Avec eux, les matches sont intenses. Ils ont de superbes joueurs. L'absence de Suarez est un coup dur pour eux, mais ils ont d’autres très bons attaquants. Ce sera un test compliqué pour nous, mais nous sommes confiants.

Avez-vous parlé de ce match avec Luis Suarez ?

On plaisante un peu, à l’entraînement. On se chambre gentiment. Il m’a dit qu’il allait me battre et que, s'il le fallait, il me prendrait au marquage. Moi non plus, je ne suis pas en reste. Bref, on s’amuse bien.

Quel souvenir de la Coupe du Monde de la FIFA™ vous a le plus marqué durant votre enfance ?

Je n’oublierai jamais celle de 2010. Nous regardions les matches à la maison. Nous menions face aux Pays-Bas, mais la qualification nous a échappé. Mon père s’est mis à pleurer. Je l’ai très mal vécu. Je m’en souviens comme si c’était hier.

Quels latéraux vous ont inspiré ?

Roberto Carlos était un joueur exceptionnel, mais je suis un peu jeune pour l’avoir vu en action. J’aime beaucoup Filipe Luis et Alex Sandro, que j’observe souvent. C’est un très bon défenseur, qui possède une excellente lecture du jeu. Marcelo aussi est très fort.

Qui est le meilleur au monde à votre poste selon vous ?

Andrew Robertson de Liverpool et Alphonso Davies du Bayern Munich sont extraordinaires. Davies est encore plus jeune que moi et Robertson n’est pas bien vieux non plus. Ils ne manquent pas de qualité et ils ont tous les deux un gros potentiel.

L’Atlético de Madrid peut-il gagner la Liga cette saison ?

Oui. Tout va bien pour nous et nous avons un bel effectif. La Liga est un championnat très relevé. Le classement est un peu surprenant pour le moment car tous les favoris ont perdu des points en route. Nous sommes troisièmes, avec deux matches de retard par rapport aux équipes qui nous précèdent. Nous travaillons tous très dur pour réussir quelque chose de bien.

Que pensez-vous de Luis Suarez ?

C’est un farceur. Il a toujours le sourire aux lèvres. Au quotidien, il ne ménage pas ses efforts pour aider les autres. J’essaye de tirer le maximum du temps que nous passons ensemble. Il n’y a pas de mots pour le décrire. Il est puissant, très doué balle au pied et il peut marquer des deux pieds. C’est un joueur de génie. Nous avons de la chance de l’avoir avec nous.

Et Joao Felix ?

Il est comme un frère pour moi. Nous avons pratiquement le même âge. On s’entend vraiment bien. Il a énormément de talent, mais il est très à l’écoute. Il cherche sans cesse à progresser. Il ne fait aucun doute pour moi qu’il deviendra un jour l’un des meilleurs joueurs du monde.