jeudi 26 mai 2016, 12:57

Troisième mais acclamé quand même

De telles scènes laisseraient aujourd'hui pantois. Imaginez le Brésil revenant d'une Coupe du Monde de la FIFA™ sans le titre, éliminé en demi-finale à cause d'une attitude arrogante, d'une certaine suffisance et de choix tactiques douteux. Dans de telles conditions, le retour au pays ne devrait normalement pas être particulièrement chaleureux. En 1938 pourtant, lorsque les joueurs débarquent à Rio de Janeiro, ils découvrent des rues pleines à craquer et des habitants enthousiastes, comme le montre le cliché ci-dessus.

Il faut dire que cette année-là, le Brésil tout entier tombe amoureux de l'épreuve mondiale. La Seleção est la seule formation sud-américaine à avoir fait le déplacement jusqu'en France et elle s'y présente comme une sérieuse prétendante à la victoire finale, notamment à la faveur d'un succès 6:5 devant la Pologne pour son entrée en lice, au terme d'une rencontre à couper le souffle.

Auteur d'un triplé lors de ce match, Leônidas da Silva se révèle comme la véritable star du Brésil. Celui que l'on surnomme le Diamant noir ou encore l'Homme élastique en raison de son agilité est dans la forme de sa vie. Avec lui, l'équipe auriverde se sent imbattable. La confiance des officiels est telle que la plupart d'entre eux se rendent à Marseille, où aura lieu la demi-finale, avant même le coup d'envoi du quart de finale contre la Tchécoslovaquie.

Ce sentiment d'invulnérabilité est fatal aux Brésiliens dans le dernier carré, où ils décident de laisser au repos Leônidas et deux autres cadres, Tim et Brandao, en vue de la finale. La qualification semble ne faire aucun doute et des billets d'avion pour Paris sont même réservés à l'avance. Mais l'Italie, tenante du titre, ne l'entend pas de cette oreille et renvoie les Sud-Américains à Bordeaux, où ils devront se contenter du match pour la troisième place.

À cette occasion, Leônidas effectue son retour dans le onze de départ et assure son statut de meilleur buteur de la compétition avec ses sixième et septième réalisations. Il ajoute également une passe décisive à ce doublé et la Suède est balayée 4:2. Si le Brésil réserve un tel accueil à son équipe nationale, à Rio et dans d'autres villes, c'est principalement grâce aux exploits de l'attaquant au cours d'un tournoi retransmis dans tout le pays pour la première fois. "Lorsque nous sommes passés par Salvador de Bahia, j'ai failli être submergé par la foule", a un jour raconté Leônidas. "J'ai eu énormément de mal à m'en extirper et j'ai même perdu une chaussure." Pour les Brésiliens, 1938 marque le début d'une romance éternelle avec la Coupe du Monde, épreuve qui renforce encore la passion du pays pour le beau jeu.

Le saviez-vous ? Près de 80 ans après avoir quitté la France avec son propriétaire, la médaille reçue par Leônidas pour sa participation à la Coupe du Monde 1938 est revenue en Europe. Elle est en effet exposée au Musée du Football mondial de la FIFA à Zurich depuis 2013, après que des responsables du musée ont pris connaissance d'un article de journal dans lequel Albertina Pereira dos Santos, veuve de Leônidas, déplorait ne pas savoir quoi faire des nombreux souvenirs et trophées de son défunt mari. En Suisse, la mémoire de cette légende du football brésilien est désormais célébrée comme il se doit et sa médaille occupe bien sûr une place de choix.

Man and medal: The 1938 @FIFAWorldCup's top scorer Leonidas and his participation medal from the tournament pic.twitter.com/haUc9H7xI3

— FIFA Museum (@FIFAMuseum) May 26, 2016